Naufrage du Padosa à Biarritz : histoire d’un trois-mâts brisé par la tempête

Le naufrage du Padosa : une tragédie maritime qui marqua Biarritz (1907)

Le 14 décembre 1907, par une nuit de tempête qui déchaînait l’Atlantique sur la côte basque, un trois-mâts suédois vint s’écraser contre les rochers de Biarritz. L’histoire du Padosa, longtemps transmise par la mémoire locale, demeure l’un des épisodes maritimes les plus dramatiques du début du XXᵉ siècle au Pays basque.
Ce naufrage mêle détresse humaine, héroïsme des sauveteurs et puissance implacable de l’océan.

Un trois-mâts suédois

Construit pour le commerce international, le Padosa était un voilier de grande taille, un trois-mâts jaugeant environ 644 tonneaux. Parti de Suède avec un chargement de bois, il devait rallier les ports d’Europe occidentale en franchissant le golfe de Gascogne, zone redoutée pour ses tempêtes hivernales.

À l’approche des côtes basques, une violente dépression se forma. Le Padosa, déjà fragilisé par la mer démontée, perdit le contrôle de sa barre et commença à dériver dangereusement vers la côte.

Naufrage du Padosa à Biarritz 14 décembre 1907

14 décembre 1907 : la tempête et l’approche du drame

Après plusieurs heures de lutte contre les vagues, les rafales et la houle énorme, le navire finit par apercevoir les lumières de Biarritz.
Mais il était trop tard : autour de 19 h, le Padosa fut projeté contre la Roche Plate, un affleurement rocheux situé à environ 600 mètres de la Grande Plage.

Le choc fut terrifiant. Pris dans les brisants, le trois-mâts commença aussitôt à se disloquer.

Des tentatives de sauvetage héroïques mais impossibles

Depuis la côte, pêcheurs, baigneurs et habitants de Biarritz accoururent. On tenta d’allumer des feux pour guider les marins, de lancer des amarres, d’alerter les secours.
Les sauveteurs firent preuve d’un courage exceptionnel : plus de sept lignes furent envoyées vers le navire, certaines atteignant presque leur but.

Mais la violence de la tempête rendait tout secours illusoire.
Les canots ne pouvaient sortir : les vagues brisaient tout espoir d’approche. Sous les yeux impuissants des témoins, le Padosa se fragmentait, ses mâts se brisaient, et les marins tentaient désespérément de s’accrocher aux débris.

Naufrage du Padosa à Biarritz 14 décembre 1907

Le bilan humain : un drame pour Biarritz et la Suède

Sur les onze hommes que comptait l’équipage, plusieurs purent être repêchés dans les heures qui suivirent le drame. Le capitaine Martin Björk fut sauvé, tout comme son second Jungman Gustaf, le steward D. H. Sonden, le novice Elvin Johansson, et les marins A. Olsen, H. Lindberg et J. Dandersson.
Un autre marin, John Johansson, âgé de seulement 19 ans, fut lui aussi retrouvé vivant, mais il succomba malheureusement à ses blessures peu après.

Quatre membres de l’équipage périrent noyés ou disparurent dans les flots. Parmi eux figuraient le subrécargue Carl Gustaf Eriksson, ainsi que les matelots Wander et Harald Persson. Leurs corps furent rejetés sur la plage dans les jours suivants et inhumés au cimetière du Sabaou, à Biarritz, où leurs tombes demeurent visibles aujourd’hui.

Le naufrage bouleversa profondément la population locale. Les habitants assistèrent impuissants à la lutte désespérée de l’équipage contre la mer déchaînée, tout en multipliant les tentatives de secours malgré la violence de la tempête. De nombreux journaux de l’époque soulignèrent à la fois la détermination des Biarrots à sauver les marins et l’implacable puissance de l’océan qui rendit tout effort vain.

Dans les jours qui suivirent, la Grande Plage se couvrit de débris : larges pans de bordages, tonneaux, portes, madriers, ainsi que la chaloupe de sauvetage du Padosa, ultime vestige d’un navire brisé et d’une tragédie qui marqua durablement la mémoire biarrote.

Les jours suivants, la Grande Plage était jonchée de débris ; les survivants apparaissent sur la photo de droite.

Redécouverte et mémoire du Padosa

En 1978, des plongeurs locaux mirent au jour deux grandes ancres du Padosa, reposant toujours dans les fonds sableux au large de Biarritz.
L’une d’elles fut remontée et installée sur le plateau de l’Atalaye, devenant un monument commémoratif dédié aux marins disparus. Aujourd’hui encore, de nombreux promeneurs ignorent que cette ancre raconte l’une des grandes tragédies maritimes basques.

Le naufrage du Padosa fait désormais partie intégrante du patrimoine biarrot :

  • il rappelle l’importance historique des voies maritimes nord-européennes,

  • témoigne des dangers de la navigation au large des côtes basques,

  • et rend hommage aux solidarités humaines nées dans l’urgence.

Une ancre du Padosa fut remontée en 1978 et installée sur le plateau de l’Atalaye en hommage aux marins disparus.

Bibliographie succincte

  • Jean-Pierre Dugène, Le naufrage du Padosa, site patrimonial JP Dugene.

  • Pays Basque 1900, « Le naufrage du Padosa (14 décembre 1907) ».

  • Côte Basque – Histoire & Patrimoine, « Un drame de la mer à Biarritz : le Padosa ».

  • Archives de Biarritz, coupures de presse de décembre 1907.

  • The Motart Blog, « The Padosa Wreck in Biarritz », 2023.

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