Le Pic d’Orhy, gardien des Pyrénées basques
Dominant fièrement la Soule et la Navarre, le Pic d’Orhy — ou Orhi en basque — marque la frontière naturelle entre la France et l’Espagne. Avec ses 2 017 mètres d’altitude, il est souvent considéré comme le premier grand sommet des Pyrénées en venant de l’Atlantique. Visible depuis les vallées basques, sa silhouette imposante semble monter la garde à l’entrée de la chaîne montagneuse, comme un veilleur immobile entre ciel et terre.
Le Pic d'Orhy
Un sommet entre deux mondes
Situé entre Larrau, côté français, et la vallée de Salazar, côté navarrais, le Pic d’Orhy appartient à la famille des montagnes-frontières, celles qui unissent autant qu’elles séparent. C’est un lieu de passage ancien, où se croisent bergers, contrebandiers et voyageurs. Son nom viendrait du mot basque orre — « genévrier » — évoquant la végétation rude et parfumée qui tapisse ses pentes.
De son sommet, la vue est à couper le souffle : d’un côté, les collines verdoyantes du Pays basque français ; de l’autre, les reliefs plus austères de la Navarre. Par temps clair, on distingue même les reflets de l’océan à l’horizon.
En basque souletin, un proverbe résume bien l’attachement viscéral à cette montagne :
« Orhiko xoria, Orhin laket. »
(« L’oiseau d’Orhi se plaît à Orhi. »)
Ce dicton ancien évoque la fidélité à la terre natale, le lien indéfectible entre les habitants et leurs montagnes.
Le Pic d’Orhy, gardien des Pyrénées basques
La montagne des sorcières et des orages
Dans la mythologie basque, le Pic d’Orhy est un lieu habité. On raconte que la déesse Mari, maîtresse des vents et des orages, y trouve parfois refuge, et que les sorcières de la Soule, les belagile y dansaient sous la foudre.
Lorsqu’un orage éclate soudain sur les crêtes, les anciens disaient :
« C’est Mari qui traverse le ciel, et les sorcières qui rallument le feu du monde. »
Le tonnerre, dans ces montagnes, n’est pas qu’un phénomène naturel : c’est un langage des dieux. Les éclairs qui frappent les arêtes seraient les traces du serpent-dragon Sugaar, compagnon de Mari, qui embrase les nuages avant de disparaître dans les entrailles de la montagne.
Le Pic d’Orhy, gardien des Pyrénées basques
Entre ciel, pierre et mémoire
Au-delà de sa beauté sauvage, le Pic d’Orhy est un symbole puissant du Pays basque. Il incarne la force des montagnes, leur mystère et leur permanence. Chaque orage rappelle les forces invisibles qui dorment dans ses entrailles ; chaque rayon de soleil éclaire les liens anciens entre les peuples des deux versants.
Grimper à l’Orhy, même en pensée, c’est toucher du doigt l’âme du Pays basque : un territoire de traditions, de nature brute et de légendes éternelles.
Le Pic d’Orhy, gardien des Pyrénées basques
Bibliographie succincte
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Guide du Pays Basque – Le Pic d’Orhy, sommet mythique de la Soule, article en ligne.
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Euskomedia Fundazioa – Mari eta Sugaar: mitologia euskaraz, ressources sur la mythologie basque.
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Michel Duvert, Mythologie et croyances du Pays basque, Éditions Elkar, 1999.
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Jean Haritschelhar, Le Pays basque et sa culture, Presses Universitaires de Bordeaux, 1983.
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