Depuis toujours, les villages pyrénéens, qu’ils soient français ou espagnols, ont partagé les pâturages d’altitude situés de part et d’autre de la frontière. Ces accords ancestraux, appelés faceries, permettaient aux bergers de faire paître leurs troupeaux librement, dans un esprit de coopération bien antérieur aux frontières modernes.
En 1856, le traité de Bayonne s’appuya sur ces ententes séculaires pour fixer définitivement la frontière entre la France et l’Espagne. C’est d’ailleurs ce qui explique le tracé particulièrement sinueux de cette ligne, qui ne suit pas toujours la crête des montagnes.
La table de facerie de Mahain Harria entre Sare et Bera.
Les accords entre Sare et Etxalar étaient traditionnellement conclus au col de Narbalatz, tandis que ceux entre Sare et Vera de Bidassoa se négociaient sur la « table de Lizuniaga », dite aussi Mahainaharria, située au pied du col de Lizuniaga, au pied de l’Ibanteli.
En octobre 2022, la danse Mugadantza, interprétée par Xabier Erkizia, a marqué le moment fort de la cérémonie de renouvellement du contrat des faceries au niveau de la borne n°36, qui relie Sare et Bera. Cet accord ancestral, reconduit tous les cinq ans, unit les communes de Bera, Etxalar, Ascain, Biriatou, Sare et Urrugne, représentées par leurs maires, ainsi que de nombreux habitants venus célébrer cette tradition séculaire.
La signature du protocole s’est tenue sur le mahain-harria de Lizuniaga, la célèbre table de pierre où, depuis des siècles, se renouvelle le « droit d’utilisation des pâturages et des eaux des communes voisines au bénéfice des troupeaux de brebis et de chevaux ».
L’événement s’est déroulé dans une ambiance à la fois solennelle et conviviale, au son des txistularis et du groupe de danse Gure Txokoa, qui ont interprété un aurresku en hommage aux participants. Le chœur Bera Kantari a clôturé la cérémonie en entonnant le chant emblématique Agur Jaunak, symbole d’amitié et de respect entre les peuples des deux versants des Pyrénées. Article Diario de Navarra 30 octobre 2022
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