Le village d'Ascain - Azkaine

Ascain : histoire, patrimoine et charme basque au pied de la Rhune

Situé dans le Labourd, tout près de Saint-Jean-de-Luz, Ascain (Azkaine en basque) est un village où se mêlent histoire, paysages de montagne et traditions basques. Son patrimoine architectural et son cadre naturel en font un lieu prisé des randonneurs et des amateurs d’histoire. Voici une présentation détaillée pour mieux comprendre ce village emblématique.

Le village d'Ascain - Azkaine et La Rhune

Un nom ancien, enraciné dans la langue basque : toponymie

Le nom Ascain apparaît dans les textes médiévaux sous les formes Escan, Scain ou Ascayn. En basque, on dit Azkaine, et ses habitants sont les Azkaindar.

Selon la tradition toponymique basque, le nom dériverait de haitz (la roche) et gain (le dessus, la hauteur). Ascain serait ainsi le « plateau rocheux » ou le « lieu au-dessus du rocher », ce qui correspond parfaitement à la géographie du site, dominé par les contreforts de la Rhune.

La place du village d'Ascain

Un village chargé d’histoire

Des origines très anciennes

Les hauteurs de la commune, notamment autour d’Aïra-Harri, conservent des cromlechs et cercles de pierres plusieurs fois millénaires, témoins d’une occupation protohistorique. Bergeries anciennes, vestiges d’enclos et nécropoles rappellent l’importance pastorale du site depuis la préhistoire.

Moyen Âge : un bourg du Labourd

Ascain apparaît dès le XIIᵉ siècle dans les cartulaires bayonnais. Comme la plupart des villages basques, il se structure autour de son église, de maisons nobles et de terres agricoles tenues par des familles anciennes.

Sorcellerie et conflits du XVIIᵉ siècle

Le village est marqué par l’épisode sombre des chasses aux sorcières menées en 1609 par le magistrat Pierre de Lancre : le prêtre d’Ascain lui-même fut condamné et exécuté.

Peu après, le Labourd est touché par les guerres franco-espagnoles. Ascain voit s’opposer des factions locales, et les montagnes deviennent un lieu stratégique.

1794 : déportations durant la Terreur

Lors des troubles révolutionnaires, Ascain fait partie des communes basques jugées « suspectes » à cause de leur proximité avec l’Espagne. Une partie de la population est alors déportée vers les Landes et la Gironde, un épisode tragique encore peu connu.

Les guerres napoléoniennes

En 1813, Ascain occupe une place importante dans la campagne de Wellington contre les armées napoléoniennes. Les redoutes d’Esnaur et de Biscarzoun, encore visibles, faisaient partie du système défensif français.

XXᵉ siècle : un village entre patrimoine et résistance

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les montagnes autour d’Ascain deviennent un passage privilégié pour les évadés vers l’Espagne. En 1947, la commune inaugure la première Stèle des Évadés de France, rendant hommage à ces résistants qui ont franchi la frontière pour rejoindre la France libre.

Les lieux à voir absolument

L’église Saint-Jean-Baptiste

Classée monument historique, elle offre un magnifique exemple d’architecture religieuse labourdine :

  • galeries de bois typiques,

  • clocher-porche massif,

  • retable sculpté,

  • cimetière ancien blotti autour de l’édifice.

Le pont dit “romain”

Emblématique du village, ce pont en pierre franchit la Nivelle en un arc élégant. Malgré son surnom, il n’est pas antique, mais probablement médiéval. Détruit lors de la crue de 1994, il a été reconstruit à l’identique.

Le Pont dit "Romain" et la Nivelle

Les redoutes napoléoniennes

Perchées sur les collines : Biscarzoun et Esnaur. Elles offrent de très beaux points de vue sur la vallée de la Nivelle.

Les cromlechs d’Aïra-Harri

Neuf cercles de pierres et divers vestiges protohistoriques : un site archéologique rare et encore sauvage.

La Rhune (Larrun)

Le symbole du Pays basque, culminant à 905 m.
Depuis Ascain, plusieurs randonnées mènent au sommet, entre pottoks en liberté, panorama océanique et vue sur la Côte Basque et la Navarre. Un incontournable absolu du territoire.

La population : de village rural à commune résidentielle

  • Autour de 1900, Ascain comptait environ 1 200 à 1 300 habitants.

  • Aujourd’hui, la population dépasse 4 200 Azkaindar, reflet de l’essor démographique de la côte basque et de l’attractivité résidentielle du village.

Le bourg a su conserver son charme tout en s’intégrant à la dynamique de la région grâce à sa proximité avec Saint-Jean-de-Luz, Ciboure et la frontière avec le Pays basque sud.

Le village d'Ascain - Azkaine et La Rhune

Bibliographie succincte

  • Orpustan, Jean-Baptiste. Toponymie basque. Presses Universitaires de Bordeaux, 2006.

  • Pierre de Lancre. Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons (1609). Éd. critique, Atlantica, 1999.

  • Ministère de la Culture – Base Mérimée. Fiches monuments historiques d’Ascain (église Saint-Jean-Baptiste, maison Askunda, pont sur la Nivelle, redoutes).

  • INSEE. Séries statistiques historiques et contemporaines de la commune d’Ascain.

  • Garate, Justo. Histoire générale du Pays basque. Éditions Elkar, 1998.

  • Collectif. La Rhune, histoire et paysages. Association des Amis de la Rhune, 2012.

  • Documentation archéologique sur les cromlechs du Pays basque. Société de Sciences, Lettres et Arts de Bayonne.

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