Les tertres d’Hurlastère : énigmes du pastoralisme ancien

À la découverte des tertres pastoraux du Pays basque : origines, fonctions et mystères

Sur les hauteurs du Pays basque, notamment en Basse-Navarre, on rencontre d’étranges éminences de terre que nous appelons tertres pastoraux. Ces structures anciennes se distinguent en deux types principaux :

• Les tertres ovales, particulièrement fréquents en Basse-Navarre, mesurent entre 14 et 18 mètres de long sur 10 mètres de large, avec une hauteur variant de 1 à 1,50 mètre.

• Les tertres arrondis, eux, présentent un diamètre de 8 à 12 mètres pour une hauteur avoisinant 1 mètre.

Une implantation en altitude, loin des tumulus funéraires

Ces tertres sont généralement situés en altitude, souvent regroupés par trois, six ou plus, et dispersés le long des pistes pastorales ou dans les pâturages protégés, à proximité de points d’eau. Contrairement aux tumulus protohistoriques à vocation funéraire, ils sont implantés sur des terrains en pente, et leurs dimensions sont nettement plus imposantes.

Une origine non funéraire confirmée par des observations de terrain

Des travaux de terrassement ont permis de couper certains de ces tertres. Les coupes ont révélé une structure homogène, sans trace de sépulture ni de dépôts funéraires. Toutefois, des cristaux de roche, des petits grattoirs en silex, ainsi que des trous de poteaux observés dans certaines sections indiquent une possible fonction utilitaire.

Hypothèse : des plateformes pour des abris temporaires

Nous avançons l’hypothèse que ces tertres ont été créés pour protéger des abris pastoraux rudimentaires contre le ruissellement. Ces abris, construits en branchages, peaux de bêtes ou mottes de gazon, auraient servi aux bergers transhumants, arrivant sur les estives chaque été. Ces constructions sommaires auraient été remises en état chaque année et utilisées pour loger des hommes, des bêtes ou même du matériel pastoral.

Variantes architecturales : pierre et structure

Certains tertres présentent des éléments en pierre – petites murettes ou bases partiellement intégrées dans la structure – signalant des variantes architecturales. Ces particularités ont été relevées notamment par P. Boucher dans la région de la Pierre-Saint-Martin, et par Fermin de Leizaola dans la Sierra de Andia.

Une datation encore incertaine

Si la présence de grattoirs en silex suggère une occupation ancienne, il reste difficile d’attribuer à l’ensemble de ces tertres une origine protohistorique. Certains pourraient avoir été utilisés durant des périodes historiques plus récentes. Il est important de noter que la tradition orale basque n’associe aucune fonction funéraire à ces tertres, bien que leur présence soit reconnue « depuis toujours » par les bergers locaux.

Un appel à la recherche archéologique

Il serait hautement souhaitable que des fouilles ciblées soient entreprises, accompagnées de méthodes modernes de datation. Cela permettrait d’éclaircir les origines exactes de ces structures si particulières et d'enrichir notre connaissance du pastoralisme ancien dans les montagnes basques.