Mateo-Txistu, le chasseur maudit de la mythologie basque

Parmi les figures les plus fascinantes du folklore basque, Mateo-Txistu occupe une place de choix. On le connaît comme le chasseur éternel, condamné à courir sans fin à travers montagnes et forêts, accompagné de sa meute. Jamais il ne se repose. Son histoire s’inscrit dans le grand cycle européen des chasses fantastiques, ces cortèges nocturnes ou aériens que l’on retrouve dans de nombreuses mythologies indo-européennes.

Un personnage aux multiples noms

Selon les villages et vallées du Pays basque, le chasseur maudit n’a pas toujours le même nom :

  • Ataun : Mateo-Txistutxistu signifie « flûte ».

  • Zerain : Juanito Txistularia — « Petit Jean, joueur de flûte ».

  • Gelazibar : Martin Abade — « Martin l’abbé ».

  • Saint-Esteben, Oiartzun, Zuberoa : Errege Xalomon ou Salomon erregea — « le roi Salomon ».

  • Oiartzun (variante) : Salomon apaiza — « Salomon le curé ».

  • Usurbil : Prixki Juan ou Prixki-Joan.

Derrière ces appellations différentes se cache pourtant le même personnage : un chasseur noir, Ehiztari beltza, condamné pour avoir abandonné une obligation sacrée afin de poursuivre un lièvre.

La faute qui lui coûta l’éternité

Dans la plupart des versions, Mateo-Txistu est un prêtre ou un religieux. Un jour, alors qu’il célèbre la messe, il aperçoit un lièvre près de la porte de l’église — souvent interprété comme une apparition du diable. Oubliant son devoir, il quitte l’autel, saisit ses chiens et se lance à sa poursuite. Cette transgression lui vaut une punition terrible : il ne reviendra jamais terminer sa messe.

Certaines légendes racontent qu’il refusait de donner l’aumône à un pauvre. À cet instant, un nuage surgit, l’emporta avec ses chiens et les déposa sur la Lune, où il continue sa chasse sans répit. Tant que la lune brillera, dit-on, sa course ne cessera pas.

Une chasse dans les airs… ou dans nos montagnes

Selon les endroits, le récit varie :

  • Chasse aérienne : Mateo-Txistu et sa meute sont entraînés par un vent éternel, traversant le ciel dans un fracas de sifflements et d’aboiements.

  • Chasse terrestre : Le chasseur erre dans les montagnes, forêts et ravins des régions où la légende est racontée.

À Donoztiri (Dohozti / Saint-Esteben), on affirme encore qu’il « passe par-dessus les montagnes ». On ne le voit jamais, mais beaucoup disent avoir entendu, au cœur de la nuit, son sifflement strident et les hurlements mélancoliques de ses chiens.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.