La pastorale Jeanne d'Arc de 1928 à Mauléon-Licharre
En 1928, la ville de Mauléon-Licharre, cœur battant de la Soule, accueillait l'une des pastorales les plus marquantes de son histoire : celle consacrée à Jeanne d’Arc, figure héroïque et mystique de l’histoire de France. Dans une époque marquée par les remous de l’entre-deux-guerres, ce choix de thème résonnait avec puissance : Jeanne, la sainte, la guerrière, la résistante, devenait le miroir des espoirs et des tensions d’un peuple en quête de repères.
Écrite et mise en scène selon la tradition ancestrale souletine, la pastorale fut jouée, comme le veut l’usage, par les jeunes du village. Le rôle de Jeanne d’Arc, confié à une jeune fille de Mauléon, fut salué pour sa ferveur et son intensité. Costumes d’époque, bannières aux couleurs de la France, chants polyphoniques et danses traditionnelles se mêlaient dans une mise en scène grandiose qui transporta les spectateurs de la place de Mauléon aux plaines de Domrémy et aux murs de Rouen.
Sur scène, les blancs (ceux du bien) incarnaient Jeanne, ses compagnons et les voix célestes qui la guidaient, tandis que les rouges (les adversaires) représentaient les Anglais, les juges et les forces de la trahison. Comme dans toute pastorale, les scènes étaient entrecoupées de chants et de danses, apportant une alternance rythmée entre moments de recueillement et envolées héroïques.
Cette pastorale, profondément religieuse et patriotique, réunit tout le Pays Basque autour de valeurs partagées : la foi, la fidélité à la patrie, le courage face à l’oppression. Elle fut également un moyen d’exalter la langue basque dans une œuvre dramatique d’envergure, à un moment où cette langue, déjà menacée, avait besoin de s’affirmer dans la sphère culturelle.
La représentation de 1928 marqua durablement les mémoires. On la considère aujourd’hui comme l’un des sommets de la tradition pastorale souletine, à la croisée du théâtre populaire, du rituel religieux et de l’affirmation identitaire.
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