Golf à la Nivelle, mars 1910

En ce mois de mars 1910, alors que les premières douceurs du printemps caressaient la côte basque, le Golf de la Nivelle accueillit l’une de ses premières compétitions officielles de la saison. Situé entre les collines de Ciboure et les rives tranquilles de la Nivelle, le parcours, encore jeune mais déjà réputé parmi les amateurs éclairés, servit de théâtre à une épreuve d’élégance et de précision.

Le ciel, changeant comme souvent en cette saison, offrait par moments de longues éclaircies baignées d’une lumière pâle, entre deux souffles d’averse venus de l’océan. Cela n’empêcha pas les participants de répondre présents, vêtus de lainages épais, de culottes bouffantes et de casquettes en tweed, les dames emmitouflées dans leurs manteaux de laine.

Les concurrents venaient principalement de la région, mais on remarquait aussi plusieurs Anglais hivernant à Biarritz, fidèles au golf qu’ils avaient eux-mêmes contribué à implanter dans le Sud-Ouest. Parmi eux, Sir Walter Hastings, vétéran des greens écossais, fit grande impression malgré un vent capricieux qui mit à rude épreuve les meilleurs swings.

Le jeune Adrien Lasserre, natif de Saint-Jean-de-Luz, créa la surprise en menant une partie régulière, alliant calme et tactique sur un terrain humide et encore gras par endroits. Il termina en tête, acclamé par une petite foule massée près du green du 9e trou, malgré la fraîcheur persistante.

Chez les dames, c’est Madame Émilie Vernet, épouse d’un négociant bordelais, qui s’illustra par son jeu méthodique et son adresse au putting. Elle remporta la coupe féminine sous les applaudissements discrets mais sincères des spectateurs abrités sous leurs parapluies.

À l’issue de la compétition, les joueurs et invités se retrouvèrent au club-house, pour un thé bien chaud accompagné de gâteaux secs, dans une atmosphère feutrée et amicale. Les conversations mêlaient impressions de jeu, souvenirs d’Écosse et rumeurs de projets d’agrandissement du parcours.

Ce tournoi de mars 1910, modeste par son format mais riche en promesses, marqua un jalon dans l’histoire naissante du golf à la Nivelle, et laissa entrevoir l’essor d’un sport qui allait bientôt séduire toute la région.