Le menhir des Aldudes : mystère et histoire au Pays basque

Le mystérieux menhir des Aldudes : un monolithe ancestral au cœur du Pays basque

À la frontière entre la Basse-Navarre et la vallée du Baztan, sur les hauteurs de la commune des Aldudes, se dresse ou plutôt repose un vestige impressionnant de la préhistoire : le menhir d’Eihartzeko Munoa. Ce monolithe en grès rose, long de 4,45 mètres et pesant près de 4,8 tonnes, intrigue autant qu’il fascine. Orienté nord-ouest/sud-est, il gît non loin du col d’Eiharze, dans un environnement montagnard empreint de mystère.

Sur sa face supérieure, une croix frontière gravée, accompagnée de l’inscription R 124, signale son rôle historique dans le découpage territorial. Quant à son origine géologique, elle ne fait guère de doute : le bloc semble avoir été extrait du flanc nord du mont Argibele, à seulement 300 mètres.

Le menhir d’Eihartzeko Munoa

Le menhir d’Eihartzeko Munoa

Un menhir jamais dressé ?

À l’instar de nombreux monolithes retrouvés dans les Pyrénées, celui d’Eihartzeko Munoa n’a probablement jamais été érigé à la verticale. Ce type de pierre, souvent désigné par les termes "menhir" ou "monolithe", est en réalité classé selon deux grandes familles :

  • Le monolithe dalle, plutôt plat et léger, parfois encore planté dans le sol,

  • Le monolithe bloc, plus massif, de forme parallélépipédique, toujours couché.

Cette distinction repose principalement sur le type de roche locale utilisée, taillée de manière sommaire pour correspondre à une forme naturelle déjà proche de celle désirée.

Le menhir d’Eihartzeko Munoa

Une orientation rituelle ?

Un détail remarquable attire l’attention des archéologues : l’orientation des monolithes couchés. Six sur sept sont dirigés vers l’est, l’est-nord-est ou l’est-sud-est — des directions qui évoquent clairement le lever du soleil. Cette orientation, conjuguée à la présence d’éclats de taille visibles autour des blocs, suggère que ces pierres ont été posées intentionnellement, sans jamais être dressées, pour des raisons probablement rituelles ou symboliques.

Des bornes pastorales ancestrales ?

Outre leur dimension rituelle, ces monolithes pourraient avoir eu une fonction plus pratique. Installés en altitude, souvent près des cols ou des crêtes, ils jalonnent les pistes pastorales et les pâturages d’estive, zones stratégiques de transhumance. Il est donc possible que ces pierres aient servi de bornes pastorales, marquant des frontières tacites entre communautés de bergers.

Au fil des siècles, ces pratiques ont donné naissance aux faceries, des accords transfrontaliers régulant le partage des ressources naturelles : pâturages, eaux et passages. Ces conventions, encore en vigueur dans certaines régions, sont sans doute l’héritage direct de coutumes ancestrales liées au développement du pastoralisme pyrénéen.

En conclusion, le menhir d’Eihartzeko Munoa est bien plus qu’un simple bloc de pierre : il incarne un lien profond entre l’homme, la terre et le sacré. Témoignage silencieux d’un passé lointain, il continue de marquer les esprits et les paysages du Pays basque.

Le menhir d’Eihartzeko Munoa

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