Haritzako Sablia, un coin sauvage tourné vers l’Atlantique
En 1877, le site d’Haritzako Sablia, situé sur la commune de Bidart, n’est encore qu’une vaste lande isolée surplombant l’océan Atlantique. Attirée par la beauté du lieu, la Société Anonyme des Bains de Mer y fait construire le Castel Biarritz, un établissement de balnéothérapie destiné à séduire la haute société européenne.
Malheureusement, malgré son emplacement exceptionnel, le projet ne rencontre pas le succès escompté. La clientèle huppée de Biarritz boude l’endroit, et le domaine peine à trouver sa place sur la Côte basque en plein essor.
Le Castel Biarritz en 1881
Le rêve inachevé d’un casino à Bidart
En décembre 1883, le Castel Biarritz est racheté par Jules Moussempès, pharmacien bien connu à Biarritz. Ambitieux, il envisage de transformer la propriété en casino, espérant attirer une clientèle aisée. Mais là encore, le projet tourne court : le casino ne voit jamais le jour, et le domaine reste en sommeil.
Le Castel Biarritz en 1885
L’arrivée de la reine Nathalie de Serbie : un tournant royal
C’est finalement sur les conseils d’Édouard VII, roi d’Angleterre et habitué des séjours à Biarritz, que le destin du domaine bascule. Il suggère à Nathalie de Serbie, reine en exil, d’en faire l’acquisition. Celle-ci, séduite par la vue imprenable sur l’Atlantique, achète la propriété et la rebaptise Sacchino, du surnom affectueux de son fils, le roi Alexandre Ier.
Nathalie de Serbie en 1875
Grâce à sa fortune personnelle colossale, la reine transforme la bâtisse en une véritable résidence royale. Elle y mène une vie discrète mais engagée, se consacrant à de nombreuses œuvres caritatives qui marquent profondément la région. Elle restera à Sacchino jusqu’en 1914, avant de se réfugier à Paris au début de la Première Guerre mondiale, au sein de la Congrégation de Notre-Dame de Sion.
Sacchino en 1909
Sacchino en 1910
Du palais Sacchino au prestigieux Pavillon Royal
En hommage au passage de la souveraine, la propriété est désormais connue sous le nom de Pavillon Royal. Dans les années 1920, elle devient le siège du Cercle du Pavillon Royal, présidé par M. Letellier. Ce cercle organise des événements mondains parmi les plus prestigieux de la Côte basque, faisant du Pavillon un lieu de fêtes inoubliables durant les années folles.
L’énigmatique disparition d’Alfred Loewenstein
En juin 1928, la faillite du Cercle conduit à la vente du domaine. Il est racheté par la Société Immobilière de Chiberta, appartenant au banquier anglo-belge Alfred Loewenstein, alors considéré comme l’homme le plus riche du monde. Mais le destin frappe une nouvelle fois : un mois après l’achat, le financier disparaît mystérieusement le 4 juillet 1928, lors d’un vol entre Londres et Paris à bord de son avion privé. Les circonstances de cette disparition restent, à ce jour, non élucidées.
Le Pavillon Royal aujourd’hui : Les Ailes de l’histoire
Aujourd’hui, l’ancien Pavillon Royal porte le nom évocateur de "Les Ailes". Il appartient à la famille du célèbre constructeur d’avions Latécoère, pionnier de l’aviation française. Entre histoire royale, balnéothérapie oubliée et énigme financière, cette propriété unique continue d’alimenter la légende du littoral basque.
Les Ailes propriété de la famille Latécoère
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