L’aubépine au Pays basque : entre protection, mystère et croyances anciennes
Au cœur des vallées et des montagnes du Pays basque, l’aubépine “elorri” en basque est bien plus qu’un simple arbuste champêtre. Symbole de pureté, de protection et de frontière entre les mondes, elle occupe une place singulière dans les mythes et croyances populaires basques, où la nature est empreinte de sacré.
Aubépine sacrée du Pays basque
Un arbre protecteur contre les esprits
Dans la tradition basque, l’aubépine est souvent considérée comme un bouclier végétal contre les forces obscures. On raconte que planter un pied d’aubépine près de sa maison protégeait la demeure des laminak, ces êtres surnaturels semblables à des fées ou des lutins, parfois bienveillants, parfois redoutables, qui hantent les forêts et les grottes. Ses épines, semblables à des piques naturelles, auraient la capacité de repousser les esprits malfaisants ou les malédictions.
Certains paysans plaçaient même des branches d’aubépine tressées sur la porte des bergeries ou sur les berceaux des enfants pour éloigner le mauvais œil. Ce geste s'inscrit dans un système de croyances ancestrales où les végétaux sont dotés de pouvoirs spirituels.
L’aubépine et les fêtes du printemps
L’aubépine est également associée au renouveau et au printemps, en lien avec ses floraisons blanches qui marquent la fin de l’hiver. Dans certaines zones rurales du Pays basque nord (Labourd, Basse-Navarre), des coutumes anciennes racontent que les jeunes filles accrochaient des rameaux d’aubépine à leur fenêtre pour attirer chance et fertilité, ou pour signifier qu’elles étaient en âge de se marier.
Parfois mêlée aux rituels de la Saint-Jean (San Juan), la nuit du 23 juin, l’aubépine entrait dans la composition des feux ou des bouquets protecteurs ramassés au lever du soleil, avec le millepertuis, la fougère ou le noisetier.
Rituels de la Saint-Jean
Un arbre-frontière entre les mondes
Dans la mythologie basque, certains arbres sont des points de passage entre les vivants et les morts. Si le chêne est roi, l’aubépine, elle, est une sentinelle, une gardienne. On la retrouve souvent près des dolmens, cromlechs ou pierres levées, lieux sacrés dans l’imaginaire basque. On dit que ceux qui s’endorment sous une aubépine ancienne pourraient rêver du passé, ou même entendre les voix des ancêtres.
L’aubépine et la Déesse Mari
Enfin, dans la religion préchrétienne basque, Mari, la grande déesse de la nature et des éléments, est souvent associée aux sommets, aux cavernes et aux forces météorologiques. Si l’aubépine n’est pas directement liée à elle, certaines traditions orales indiquent que les clairières bordées d’aubépines étaient considérées comme des lieux propices à l’apparition de Mari ou de ses messagers.
Plante discrète mais essentielle du paysage basque, l’aubépine tisse un lien entre le visible et l’invisible, entre l’homme et les esprits de la nature. Elle demeure dans les mémoires comme une plante à respecter, à la croisée de la médecine populaire, des rites anciens et des contes murmurés au coin du feu.
L’aubépine et la Déesse Mari
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