À la découverte du Dolmen d’Aizkomendi : le plus ancien mégalithe du Pays Basque
Situé dans la plaine de Salvatierra, sur la commune de San Millán-Donemiliaga, en Álava, le dolmen d’Aizkomendi est l’un des plus impressionnants monuments mégalithiques du Pays Basque. Découvert en 1831, ce dolmen néolithique est non seulement le plus grand de la région, mais aussi le tout premier à y avoir été mis au jour.
Le dolmen d’Aizkomendi à San Millán-Donemiliaga, en Álava
Un tumulus ancestral aux secrets bien gardés
Enfoui sous un vaste tumulus, le dolmen d’Aizkomendi cachait en son cœur une chambre funéraire surmontée d'une gigantesque dalle. Une fois dégagé, le site révéla une galerie funéraire orientée vers l’est, que certains archéologues considèrent comme un ancien chemin rituel ou « chemin de ronde ».
Le dolmen d’Aizkomendi à San Millán-Donemiliaga, en Álava
Le témoignage de Pedro Andrés Zabala (1833)
Deux ans après sa découverte, l’ancien maire de Salvatierra, Pedro Andrés Zabala, décrivait le site de manière saisissante :
« Sa concavité, longue de 13 pieds et large de 10 pieds, contenait une accumulation d’ossements et de crânes atteignant cinq pieds de hauteur depuis le sol. Les crânes étaient tournés vers l’est (levant), tandis que les pieds pointaient vers l’ouest (couchant)... »
Il mentionnait également un passage d’entrée couvert d’environ 20 pieds de long, où l’on découvrit une terre noircie, vraisemblablement brûlée lors de rites funéraires.
Le dolmen d’Aizkomendi à San Millán-Donemiliaga, en Álava
Aizkomendi : "la pierre de montagne"
Le nom « Aizkomendi » signifie « Pierre de montagne » en basque. Fait rare pour un dolmen, il possède un nom propre. Dans la tradition populaire basque, ces monuments étaient souvent attribués aux sorcières. Un autre exemple célèbre est le dolmen de Sorginetxe, littéralement « la maison de la sorcière ».
Lorsque la communauté scientifique a reconnu leur origine néolithique, ces structures ont été renommées en fonction de leur toponyme local. À l’origine, en 1831, le dolmen d’Aizkomendi était connu sous le nom de dolmen d’Eguilaz, du nom du village voisin.
Le dolmen d’Aizkomendi à San Millán-Donemiliaga, en Álava
Le dolmen d’Aizkomendi à San Millán-Donemiliaga, en Álava
Une sépulture réutilisée jusqu’au XIXe siècle
Fait insolite : la dernière inhumation connue dans le dolmen remonte à 1813, pendant la guerre d’indépendance espagnole. Un soldat napoléonien, fuyant la bataille de Vitoria, aurait trouvé refuge (et la mort) dans ce tombeau ancestral. Lors des fouilles, on découvrit des boutons impériaux parmi les ossements, confirmant cette hypothèse.
Plus de 300 corps ont été exhumés de ce tumulus, témoignage bouleversant de l’usage millénaire de ce site sacré. Pendant cinq mille ans, le dolmen d’Aizkomendi a servi de sépulture, bien après l’apparition des rites chrétiens. Il est la preuve vivante que les traditions préhistoriques ont parfois survécu à travers les âges.
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