Fête-Dieu 1910 à Beyrie-sur-Joyeuse

La Fête-Dieu - Besta Berri en 1910 à Beyrie-sur-Joyeuse

À Beyrie-sur-Joyeuse, petit village du Pays basque, la Fête-Dieu - Besta Berri représentait, en 1910, l’un des temps forts de l’année. Dès l’aube, les ruelles étaient balayées et décorées de buis, de genêts et de fleurs cueillies la veille. Les autels, dressés à chaque carrefour, resplendissaient de nappes brodées, de cierges, de statues et de pétales de roses.

Vers dix heures, la grand-messe, chantée en latin, rassemblait toute la paroisse dans l’église Saint-Julien. À sa suite, la grande procession s’organisait dans une mise en scène digne et solennelle. En tête, marchait le porteur de la croix, suivi du porteur de la bannière du Sacré-Cœur. Venaient ensuite les coqs, les lanciers, les sapeurs en tenue d’apparat, puis un makilari, virtuose du bâton, qui exécutait des figures gracieuses entre deux haltes, captivant petits et grands.

Les musiciens de l’harmonie ouvraient la marche musicale avec des cantiques rythmés, accompagnés de la batterie-fanfare, des porte-drapeaux et des banderak flottant au vent. Les enfants vêtus de blanc suivaient : les jeunes garçons brandissaient des fanions ornés de calices, d’hosties ou d’ostensoirs, tandis que les jeunes filles, paniers de pétales à la main, en semaient à chaque pas sur le chemin du Saint-Sacrement.

Enfin venait le vénérable abbé Larralde, revêtu de ses plus beaux ornements liturgiques, portant l’ostensoir sous un dais tenu par quatre notables coiffés de bérets noirs. Le cortège avançait lentement dans les ruelles embaumées, au rythme des prières et des chants.

Après la cérémonie, les familles se retrouvaient pour un repas de fête : garbure fumante, axoa, fromage de brebis et gâteau basque. On débouchait quelques bouteilles de vin bouché, gardées précieusement pour l’occasion. Tandis que les femmes échangeaient les nouvelles du hameau et les hommes refaisaient le monde autour de la table, les enfants couraient pieds nus près des fontaines, encore émerveillés par la solennité de la matinée.

Ce jour-là, le village tout entier vibrait au rythme de la foi, de la musique et des traditions, dans une harmonie entre sacré et partage, mémoire et fierté basque.

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