Fête à Larrau, été 1920

Fête au village de Larrau en 1920

Le soleil s’était levé derrière les crêtes, enveloppant les pentes verdoyantes de Larrau d’une lumière dorée. C’était jour de fête, et tout le village s’était éveillé tôt, comme pris d’une joyeuse fébrilité. Les cloches de l’église sonnèrent longuement, appelant les fidèles à la messe solennelle. Les femmes, en jupe noire et foulard blanc, montaient les ruelles pavées, bras dessus bras dessous, tandis que les hommes, béret bien enfoncé sur la tête, les suivaient à pas lents, discutant à voix basse.

Les gens de Larrau vivent sur leur cime comme des gens de mer sur le pont de leur navire. Ils connaissent chaque roche, chaque souffle de vent, chaque sentier escarpé. Leur village, accroché à flanc de montagne, semble voguer sur un océan de verdure et de silence.

Après la messe, la place se remplit peu à peu. Des guirlandes de tissu, cousues à la main, pendaient entre les maisons de pierre. Une petite estrade de bois avait été montée pour accueillir les musiciens : un violon, un accordéon et un tambourin, fidèles compagnons des bals de Soule. Déjà, on sentait l’odeur du pain cuit au four à bois et celle du ragoût mijoté dans les chaudrons, préparé par les familles dans une joyeuse émulation.

L’après-midi, les jeux commencèrent : le lancer de pierre, le tir à la corde entre les hameaux voisins, et surtout, les démonstrations de force basque. Un berger de Sainte-Engrâce souleva une meule sous les applaudissements, tandis qu’un jeune de Larrau battait le record de course en sac, les jambes pleines de poussière et le visage rayonnant.

Sur le fronton du village, les meilleurs joueurs de la vallée s’affrontèrent ensuite dans une partie de pelote endiablée. Les spectateurs, rassemblés tout autour, suivaient chaque coup de main avec ferveur. Les cris « biba! » fusaient à chaque point marqué, et les enfants, assis sur les murets, tentaient d’imiter les gestes des champions avec des balles en chiffon.

Quand le soir tomba sur les montagnes, les lampes à pétrole s’allumèrent, et le bal commença. Au son de l’accordéon, les couples tournaient sur la place, leurs pas frappant le sol en rythme. Les rires, les chants, le cliquetis des verres de vin rouge résonnaient dans la nuit douce de l’été. À Larrau, en ce jour de 1920, le monde semblait loin. C’était une fête simple, mais vraie, enracinée dans la montagne et la mémoire, comme les chênes qui bordaient les chemins.

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