Marie, une femme du Pays basque face à la Grande Guerre

Le village d'Arnéguy en 1914

Le vent humide descendait des montagnes basques, porteur de silence et de souvenirs. À Arnéguy, petit village frontalier du Pays basque, niché près de la frontière espagnole, la guerre de 14-18 semblait lointaine. Pourtant, chaque pierre du hameau portait l’écho des absents, des combats et des espoirs brisés.

Marie n’avait que vingt ans. Trop jeune pour être veuve, déjà trop usée par l’absence. Depuis le départ de son frère en 1914, puis celui de son fiancé Étienne, quelques mois plus tard, elle vivait dans l’attente. Lui, était parti défendre une France qu’il connaissait à peine, les yeux pleins de doutes mais l’âme résolue. Depuis, plus rien. Les lettres s’étaient tues. Seuls restaient les silences et les prières murmurées dans la petite église en pierre d’Arnéguy.

Dans la maison familiale, Marie continuait à vivre au rythme du Pays basque rural. Elle trayait les vaches, coupait du bois, pétrissait le pain – gestes simples, devenus actes de résistance. Tandis que l’Europe s’enlisait dans la boue des tranchées, elle, au creux des montagnes, préservait les racines d’un monde en péril.

Les anciens disaient que les montagnes basques gardent les secrets. Marie le croyait. Parfois, elle montait sur les hauteurs pour écouter le vent, déposer ses peurs et confier aux cimes ses lettres jamais envoyées. Là-haut, le silence avait quelque chose de sacré. Il parlait d’absence, mais aussi d’espérance.

Chaque soir, à la lumière d’une lampe à pétrole, Marie cousait. Pour qui ? Elle l’ignorait. Peut-être pour un lendemain meilleur. Car malgré la guerre, malgré l’attente interminable, elle croyait encore. À la paix. Au retour d’Étienne. À la vie.

Car être seule, ce n’est pas être vide. C’est porter en soi la mémoire des êtres aimés, les promesses non tenues, et les lendemains à reconstruire. À Arnéguy, dans ce coin reculé du Pays basque, une jeune femme résistait à sa manière à la Grande Guerre – avec silence, courage, et amour.

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