La légende des Grottes de Zugarramurdi

Dans les profondeurs de la grotte de Zugarramurdi, la sorcière Itxaro hante encore les ombres, maudissant ceux qui osent troubler le sanctuaire où elle scella un pacte interdit.

Au cœur des montagnes basques, dans une forêt dense où les arbres murmurent entre eux même lorsque le vent dort, se cache une blessure dans la pierre : la grotte de Zugarramurdi. Elle n’est pas qu’un caprice de la nature. C’est un lieu de passage. Un seuil entre deux mondes.

Il y a plusieurs siècles, au temps où la peur dictait les lois, vivait à Zugarramurdi une femme appelée Itxaro. Elle était née sous une éclipse lunaire, les yeux gris comme les cendres, et l’âme pleine de silence. Les anciens disaient qu’elle parlait aux loups, qu’elle cueillait des herbes qui ne poussaient que sous les pierres, et qu’elle riait chaque fois qu’un orage approchait.

Les villageois venaient à elle en secret, la nuit, quand les enfants étaient malades ou que les vaches refusaient de donner du lait. Mais au lever du jour, ils détournaient le regard. Car Itxaro ne priait pas dans l’église. Elle priait dans la grotte.

Un jour, un moine venu d’ailleurs entendit parler d’elle. Il la dénonça au tribunal de Logroño. L’Inquisition arriva. Les villageois, rongés par la peur, livrèrent Itxaro et d’autres femmes du village. On les accusa de sabbats, de pactes avec le diable, de festins nocturnes sous la pleine lune. La grotte fut désignée comme le lieu des rassemblements impies. Une par une, les femmes furent interrogées, torturées, brûlées.

Mais Itxaro ne cria jamais.

La veille de son exécution, elle parvint à s’échapper. Elle fuit dans la forêt, guidée par des corbeaux. On dit qu’elle retourna dans la grotte et y scella un pacte. Une nuit entière, les arbres cessèrent de bouger, le vent s’éteignit, les chiens hurlèrent sans fin. Le lendemain, un brouillard épais tomba sur Zugarramurdi. Il dura treize jours. Quand il se leva, tous les enfants nés cette année-là portaient une tache noire sur la nuque. Et les bêtes refusaient d’approcher la grotte.

Depuis ce jour, les gens du village ne s’en approchent que de jour, et jamais seuls. Les rares imprudents qui s’y sont aventurés de nuit ont rapporté des récits brisés : des voix chuchotées sans source, des pas qui vous suivent mais ne laissent aucune trace, des rires d’enfants sans visage, et parfois une silhouette drapée de brume, les yeux cendrés, qui attend dans l’ombre.

On raconte que la malédiction d’Itxaro n’est pas terminée. Chaque cent ans, à la veille de la plus longue nuit de l’année, elle choisit un nouveau messager. Quelqu’un qui entrera dans la grotte... et n’en ressortira jamais tout à fait.

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