Le Prieuré d’Irouléguy : aux origines spirituelles et viticoles du vignoble basque
Perché sur les hauteurs d’Irouléguy, au cœur de la Basse-Navarre, subsiste un lieu discret mais essentiel pour comprendre l’histoire du Pays Basque : le prieuré d’Irouléguy. Aujourd’hui en ruines, ce site chargé d’histoire relie intimement patrimoine religieux, mémoire des chemins de pèlerinage et naissance du vignoble d’Irouléguy, l’un des plus emblématiques du sud-ouest.
Le Prieuré d’Irouléguy
Un héritage médiéval lié à Roncevaux
Le prieuré voit le jour au XIIᵉ siècle, sous l’impulsion des chanoines de l’Abbaye royale de Roncevaux (Roncesvalles), située juste de l’autre côté des Pyrénées. À cette époque, la Navarre est un royaume prospère et pieux, fortement impliqué dans l’accueil des pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
L’établissement du prieuré d’Irouléguy répond à deux objectifs :
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spirituel : servir de relais religieux et d’accueil pour les voyageurs passant non loin de la voie jacquaire ;
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économique : valoriser les terres ensoleillées du versant, propices à la culture de la vigne.
Très tôt, les moines exploitent les coteaux pour y planter des vignes, forgeant ainsi l’identité viticole du lieu, plusieurs siècles avant l’existence officielle de l’AOC Irouléguy.
Le Prieuré d’Irouléguy
Un lieu de prière, de culture… et de vignobles
Le prieuré n’était pas un grand monastère fortifié, mais plutôt une petite dépendance monastique, composée d’un corps de bâtiment modeste, d’un espace de vie religieuse et de zones agricoles.
Les vestiges visibles aujourd’hui permettent cependant d’imaginer son implantation :
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des murets et pierres au sol, dessinant le plan des bâtiments disparus ;
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une voûte encore debout, témoin de l’architecture religieuse médiévale ;
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des stèles discoïdales à proximité, typiques de la culture funéraire basque.
Les moines participent activement au développement des vignobles d’altitude. Ces parcelles en terrasses, orientées sud-est, permettent une maturité optimale des raisins, malgré le climat montagnard. Ce savoir-faire se transmettra aux générations suivantes, jusqu’à façonner le territoire viticole que l’on connaît aujourd’hui.
Le Prieuré d’Irouléguy
De la disparition au renouveau patrimonial
Comme beaucoup de prieurés ruraux, celui d’Irouléguy subit déclins, abandons et transformations au fil des siècles. Les conflits, la baisse de fréquentation des pèlerins et l’évolution des structures religieuses entraînent sa disparition progressive.
Seuls subsistent aujourd’hui des éléments de pierre qui témoignent de son existence, intégrés au paysage.
Le vignoble d’Irouléguy : un héritage monastique devenu AOC
L’héritage laissé par les chanoines est immense. La vigne, implantée par le prieuré, se maintient à travers les siècles. Malgré les crises – dont le phylloxéra au XIXᵉ siècle – le vignoble connaît un renouveau spectaculaire au XXᵉ siècle, jusqu’à obtenir l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) en 1970.
Aujourd’hui, les vins d’Irouléguy, qu’ils soient rouges, rosés ou blancs, expriment la force du terroir basque et perpétuent une histoire commencée au Moyen Âge.
Le Prieuré d’Irouléguy
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