Erle, l’abeille sacrée du Pays Basque : traditions et croyances

Erle : l’abeille sacrée du Pays Basque et ses traditions ancestrales

Erle est bien plus qu’un simple insecte dans la culture basque. Elle est considérée comme un animal sacré, entouré de rites, de respect et de croyances profondes. Voici un aperçu des traditions basques liées aux abeilles, un patrimoine immatériel fascinant transmis de génération en génération.

L’abeille, un être sacré qu’on vouvoie

Tuer une abeille est considéré comme un péché dans certaines régions du Pays Basque. On s’adresse à elle avec la plus grande déférence, en utilisant le pronom "zu", équivalent de "vous" en basque. Lorsqu’une ruche neuve est prête à l’accueillir, on invite l’abeille à s’y installer en lui disant : "aniere ederra", ce qui signifie "jolie dame".

Une mort traitée comme celle d’un être humain

Contrairement aux autres animaux pour lesquels on utilise les mots galdu ou akaba (perdre, abattre), la mort d’une abeille se dit hil, le terme utilisé pour les humains. Cette distinction linguistique souligne l'importance accordée à cet insecte pollinisateur.

Rituel en cas de décès dans la famille

Lorsqu’une personne meurt, un membre de la famille ou un voisin se rend auprès des ruches familiales. Il frappe doucement sur le couvercle de la ruche et annonce aux abeilles la nouvelle :

"Atzar zite, buruzagia hil zaize""Réveillez-vous, le maître est mort" (tradition de Laguinge, Soule).

Ce rituel s’étend parfois aux animaux de l’étable, qu'on oblige à se lever pour honorer le défunt. On croit que ce geste permet aux abeilles de produire plus de cire, utilisée pour fabriquer des bougies allumées sur la tombe. Négliger cette coutume entraînerait la mort des abeilles et des animaux de la ferme.

Deuil et symboles autour des ruches

Si le cortège funèbre passe près des ruches, un parent soulève leurs couvercles pour encourager la production de cire. Dans certains villages, les ruches sont même recouvertes d’un voile noir, en signe de deuil.

Comment s’approprier un essaim

Lorsqu’on découvre un essaim sauvage sur un arbre ou un rocher, il existe un protocole traditionnel pour se l’approprier. On trace une croix sur le tronc ou sur la pierre et on en prélève un fragment d’écorce. Ensuite, on accroche un vêtement sur le lieu : un geste symbolique qui marque la revendication de l’essaim.

Transmission sans transaction financière

Selon la tradition, les abeilles ne doivent pas être vendues contre de l'argent. On les échange plutôt contre du blé, une brebis, de l’étoffe, ou bien on les offre en don. Ce respect économique renforce leur dimension sacrée.

Protection spirituelle des ruches

Dans plusieurs villages basques, on place une croix en saule bénite (bénédiction des Rameaux) à proximité des ruches. Ce geste vise à protéger les abeilles et à garantir la prospérité de la colonie.

Cortège funèbre basque passant près des ruches voilées de noir.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Maria Begonia
il y a 4 jours

Interesant

annie inverzini
il y a 5 heures

magnifique rituel, qui redonne aux animaux la place qu'il ne devraient jamais avoir perdue....